Les 12 travaux de Sébastien dans la vigne

N°4 : PROTÉGER CONTRE LE GEL

 

Le printemps, saison de toutes les promesses pour les viticulteurs, devient rapidement une source de stress lorsque les températures chutent dangereusement.

Le vignoble de Nantes a été touché à plusieurs reprises pendant la dernière décennie : 2012, 2016, 2017, 2019, 2021. Cette année encore, le gel a sévi au début du mois d'avril dans le vignoble, dans une moindre mesure heureusement.

Au printemps, avec l’augmentation de la température moyenne de l’air se déclenchent la montée en sève, la sortie des premières feuilles et des bourgeons, voire le débourrement de ces derniers. Les bourgeons peuvent résister jusqu’à -2 degrés. Mais au-delà, le gel de la sève, très riche en eau, a pour effet de détruire les cellules des tissus embryonnaires de la fleur ou même des feuilles.

 

Pour lutter contre le gel printanier, il existe plusieurs moyens :

• Les chaufferettes : Elles sont disposées dans les rangs pour gagner 2 à 3 degrés. Plutôt performante, cette pratique est néanmoins peu respectueuse de l’environnement car elle émet du CO2 dans l’atmosphère.

• Les bougies : Nous utilisons de gros blocs de paraffine contenus dans des boîtes métalliques.

• L’aspersion : Il s’agit d’asperger les ceps avec de l’eau. Les bourgeons sont pris dans une poche de glace, sans que l’eau interne aux bourgeons ne se prenne en glace : une technique délicate puisque le glaçon ne doit pas dégeler trop vite. Les parcelles sont donc arrosées jusqu’à ce que la température remonte au-dessus de 0°C. Efficace, ce système demande une installation très coûteuse, généralement réservée aux parcelles les plus gélives.

• Les éoliennes : De 11 mètres de haut, elles sont alimentées par un moteur qui, par brassage, permet à l'air un peu plus chaud situé tout en haut de venir réchauffer les ceps de vigne.

• Les hélicoptères : Sur le même principe que les éoliennes, certains viticulteurs font appel à des hélicoptères qui,  à très basse altitude, brassent l’air au-dessus des vignes. Il s’agit d’une prestation dangereuse (faible luminosité à l’aube) et très coûteuse. Elle est donc employée de façon anecdotique.

• Les fils chauffants sur le palissage : Le câble est placé sur le fil de palissage au plus proche des baguettes fruitières. La température du câble augmente proportionnellement à la chute de la température ambiante. Ce système est proche du fonctionnement du grille-pain, avec la résistance chauffante. L’alimentation du système se fait par groupe électrogène ou sur le réseau EDF.

 

Dans le jardin d’Eolie, au Château du Cléray, nous sommes équipés d’une éolienne qui couvre une surface de 5 hectares sur une parcelle de Chardonnay. Pour renforcer l’action de l’éolienne, des brûlots de souche sont allumés au pied de celle-ci pour diffuser de la chaleur avec les pales. Nous allumons les brûlots lorsqu'il fait seulement 1°C.

 

Protéger la vigne contre le gel est désormais devenu le nouveau défi de la viticulture.